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Volkswagen cesse ses activités au Xinjiang sous pression éthique


Le constructeur automobile se retire de la région chinoise après des critiques sur les droits humains. Les ventes en Chine chutent de 15% au troisième trimestre 2024.

Volkswagen cesse ses activités au Xinjiang sous pression éthique

Le premier constructeur automobile européen en crise, Volkswagen, a annoncé mercredi vouloir cesser ses activités dans la région chinoise du Xinjiang, qui lui valaient des critiques en raison des accusations de violation des droits humains dont fait l’objet Pékin. Le groupe a justifié sa décision par des «raisons économiques» dans un communiqué, mais elle intervient dans un contexte de critiques croissantes contre Volkswagen sur le plan éthique.

«VW s’incline d’une certaine manière devant l’opinion publique», a indiqué à l’AFP l’un des principaux experts du secteur en Allemagne, Ferdinand Dudenhöffer, le directeur du Center Automotive Research de Bochum, alors que médias, investisseurs et défenseurs de droits humains montrent du doigt le premier groupe automobile européen depuis des années à cause de sa présence au Xinjiang.

Volkswagen sous pression éthique et économique

La controverse de l'usine d'Urumqi

Volkswagen est au centre de l’attention en raison de son usine à Urumqi, la capitale du Xinjiang, ouverte en 2013 et dans laquelle il détient une participation via son partenaire local SAIC. La banque allemande Deka a déjà retiré les actions Volkswagen de son portefeuille de titres «durables» en mars 2023, après que l’agence de notation américaine MSCI a hissé le drapeau rouge en raison d’allégations de travail forcé dans l’usine d’Urumqi.

Vente des actifs controversés

Ce site controversé ainsi qu’une piste d’essais à Turpan doivent à présent être vendus à l’entreprise chinoise Shanghai Motor Vehicle Inspection Center (SMVIC), selon le communiqué de Volkswagen. La pression avait augmenté en février, après que le géant allemand de la chimie BASF avait annoncé accélérer son retrait de deux coentreprises dans cette région.

Accusations de travail forcé

Un audit externe commandé par Volkswagen l’année dernière n’a trouvé aucune preuve de travail forcé parmi les 197 employés de l’usine, mais plusieurs médias, dont le «Financial Times», ont dénoncé en septembre des lacunes dans la méthodologie adoptée par le rapport.

Pékin est accusé d’avoir incarcéré plus d’un million de Ouïghours et d’autres minorités musulmanes dans un réseau de centres de détention à travers le Xinjiang. Des militants et des Ouïghours vivant à l’étranger ont déclaré que toute une série de maltraitances étaient commises dans ces centres, notamment la torture, le travail forcé, la stérilisation forcée et l’endoctrinement politique. Un rapport des Nations unies publié en 2022 faisait état de preuves «crédibles» de torture, de traitements médicaux forcés et de violences sexuelles ou sexistes ainsi que de travail forcé dans la région.

Réalignement stratégique et baisse des ventes

Le groupe met lui purement en avant un «réalignement stratégique» dans le contexte de la transition vers les voitures électriques. En Chine, son principal marché, où il livre un tiers de ses voitures, les ventes ont chuté de 15% au troisième trimestre 2024.

La marque phare du groupe, VW, y a perdu du terrain et a été distancée par les concurrents locaux, perdant son titre de marque automobile la plus vendue au profit de BYD. La région située dans le nord-ouest de la Chine abrite plusieurs fournisseurs d’entreprises multinationales, y compris de grandes marques européennes et américaines.

Volkswagen a également dénoncé la hausse des droits de douane sur les voitures importées de Chine en Union européenne, décidée par Bruxelles cet été, craignant des répercussions de Pékin qui pourraient impacter ses ventes en Chine.

Crises globales et négociations

L’annonce sur Xinjiang intervient alors que le groupe traverse une crise globale inédite et négocie actuellement un plan d’économies qui pourrait conduire à des milliers de licenciements, voire à des fermetures d’usines en Allemagne. Dans ce contexte, l’Allemagne «a besoin d’une relation raisonnable avec la Chine», a expliqué Ferdinand Dudenhöffer. Elle «est devenue un pays en crise et la Chine est une pierre angulaire importante pour en sortir», a-t-il ajouté.

Accusations de travail forcé

  • Incarceration de plus d'un million de Ouïghours et autres minorités musulmanes
  • Torture, travail forcé, stérilisation forcée et endoctrinement politique
  • Preuves «crédibles» de torture, traitements médicaux forcés et violences sexuelles ou sexistes

Baisse des ventes en Chine

  • Chute des ventes de 15% au troisième trimestre 2024
  • Perte de terrain face aux concurrents locaux
  • Perte du titre de marque automobile la plus vendue au profit de BYD