Le Conseil national a suivi la décision des États mardi en votant l'interdiction du Hamas et des organisations apparentées pour les cinq ans à venir. Cette décision, proposée par le Conseil fédéral, a été largement approuvée avec 168 voix pour et seulement 6 contre.
«La Suisse ne doit pas rester inactive face à la terreur, elle doit rester claire et ferme, et agir le plus rapidement possible», a déclaré la conseillère nationale Jacqueline de Quattro (PLR/VD). Cette interdiction a été questionnée par la gauche, qui a tenté de limiter la portée de la loi. Le Conseiller fédéral Beat Jans a répondu que le rôle humanitaire et diplomatique de la Suisse n'était pas menacé et que la neutralité du pays n'était pas remise en cause.
Les conséquences de l'interdiction du Hamas
Impact sur l'aide humanitaire
Ahmed Ajil, criminologue spécialiste de la lutte antiterroriste, juge cette interdiction dangereuse. Selon lui, elle pourrait limiter la marge de manœuvre de l'aide humanitaire sur place. «La différence avec des organisations comme Al-Qaïda ou l'État Islamique, c'est que le Hamas fait partie de l'appareil étatique et de la société civile. Ils assurent des tâches sans lien avec les actes de violence. Soutenir la population sera donc plus compliqué, c'est elle qui en souffrira.»
Risques de radicalisation
Un autre problème soulevé par Ahmed Ajil est la mobilisation politique. «Des comportements ou appels proches des revendications de la population elle-même, comme le slogan «Palestine libre», pourraient désormais être pénalement poursuivis, ou mettre les militants sur le radar des services de renseignement. On risquera beaucoup à s'engager pour Gaza, et presque rien à soutenir un acteur qui commet des crimes de guerre. Cette réduction des espaces d'expression risque de pousser à la radicalisation.»
Contexte politisé et alternatives
L'expert déplore une loi lancée dans un contexte très politisé et regrette que la voie pénale n'ait pas été utilisée pour mener une enquête approfondie, comme cela avait été le cas pour les Tigres Tamouls par exemple. Il estime que cette approche aurait permis une meilleure compréhension des enjeux et des implications de l'interdiction.
En conclusion, l'interdiction du Hamas en Suisse soulève des questions complexes sur l'équilibre entre sécurité nationale, aide humanitaire et liberté d'expression. Les prochaines années permettront de mesurer l'impact réel de cette décision sur la situation au Moyen-Orient et sur la politique intérieure suisse.