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Huit personnes condamnées pour l'assassinat de Samuel Paty


La Cour d'assises spéciale de Paris a reconnu coupables huit individus impliqués dans l'assassinat du professeur Samuel Paty. Les peines varient de 13 à 16 ans de réclusion.

Huit personnes condamnées pour l'assassinat de Samuel Paty

Huit personnes ont été condamnées vendredi par la justice française pour l’assassinat du professeur Samuel Paty. La Cour d’assises spéciale de Paris a reconnu coupables et condamné vendredi les huit personnes impliquées, à des degrés divers, dans l’assassinat du professeur Samuel Paty, décapité par un islamiste radical tchétchène, abattu par la police peu après son acte, le 16 octobre 2020.

Les condamnations

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la «campagne de haine» qui ont fait de Samuel Paty une «cible»: Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle.

Réactions des familles et des avocats

Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. «Ce soir, c’est la République qui a gagné», s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. «J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice», s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir.

Appel et réactions des avocats

Vincent Brengarth, un des avocats de Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais «un prisonnier politique». «Je me désolidarise de ces propos-là», a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur.

Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un «verdict équilibré». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que «justice a été rendue pour son père», a-t-il ajouté.

Détails des peines

Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de «complicité» pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la «jihadosphère» qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis.

Les accusés et leurs rôles

Les deux jeunes gens «avaient conscience de la radicalité» d’Anzorov et qu’il «avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers», a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, «il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty».

Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostiles au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas «Collectif Cheikh-Yassine», il avait qualifié Samuel Paty de «voyou» dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo de Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty.

«La cour a considéré que (Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste», a indiqué Franck Zientara.

La campagne de haine

La «campagne de haine» menée contre Samuel Paty a été un facteur déterminant dans son assassinat. Les messages et vidéos postés par Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui ont contribué à faire de Samuel Paty une cible pour les islamistes radicaux. La cour a considéré que ces actions ont préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste.

Un verdict équilibré

Le verdict a été qualifié d’équilibré par plusieurs parties prenantes. Bien que les peines soient proches de celles réclamées par le parquet, la cour a maintenu l’infraction de «complicité» pour les deux amis d’Anzorov. Les quatre autres accusés ont été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis, en fonction de leur rôle dans l’affaire.

La volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers

La cour a estimé que les deux amis de l’assassin avaient conscience de la radicalité d’Anzorov et qu’il avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers. Cependant, il n’a pas été démontré qu’ils étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty.

Un passage à l’acte terroriste

La cour a considéré que Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste. Leur campagne de haine contre Samuel Paty a été un facteur déterminant dans son assassinat.

Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Naïm Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. Les deux jeunes gens «avaient conscience de la radicalité» d’Anzorov et qu’il «avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers», a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, «il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty».

Les magistrats du Pnat

Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre.

Conclusion

La Cour d’assises spéciale de Paris a rendu un verdict équilibré dans l’affaire de l’assassinat de Samuel Paty. Les huit personnes impliquées ont été condamnées à des peines de prison ferme ou avec sursis, en fonction de leur rôle dans l’affaire. La «campagne de haine» menée contre Samuel Paty a été un facteur déterminant dans son assassinat, et les actions de Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui ont préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste.