L’organisation Amnesty International a affirmé vendredi que la crise des droits humains au Salvador «s’aggravait» après mille jours du régime d’exception utilisé par le gouvernement du président Nayib Bukele pour combattre les gangs.
La crise des droits humains «s’aggrave», avertit Amnesty
Un régime d’exception contesté
L’organisation Amnesty International a averti vendredi que la crise des droits humains au Salvador «s’aggravait» après mille jours du régime d’exception utilisé par le gouvernement du président Nayib Bukele pour combattre les gangs. Ce régime d’exception, en vigueur depuis le 27 mars 2022, autorise les arrestations sans décision de justice et a conduit à l’arrestation d’environ 83 000 personnes. Selon les données fournies par le gouvernement, environ 8 000 personnes arrêtées à tort ont été libérées.
Le président Bukele a justifié ces mesures par la nécessité de combattre les «maras», les gangs qui terrorisaient le pays, et a déclaré que le Salvador était désormais le «pays le plus sûr au monde».
Des violations généralisées des droits humains
Amnesty International pointe du doigt les graves violations des droits humains commises dans le cadre du régime d’exception. Ana Piquer, directrice des Amériques à Amnesty, a déclaré : «Ce que le gouvernement appelle «paix» est en fait un mirage qui cherche à cacher un système répressif, une structure de contrôle et d’oppression qui abuse de son pouvoir». Elle a également ajouté que «détenir des personnes sans preuves et les poursuivre en masse ne constitue pas une justice, ce n’est pas non plus une solution efficace et durable».
L’ONG dénonce les milliers d’arrestations arbitraires, l’adoption d’une politique de torture dans les centres de détention et des centaines de décès en détention par l’État. Sur la base de rapports émanant d’organisations locales, Amnesty International relève que plus de 300 personnes sont décédées en détention par l’État.
Un schéma généralisé d’abus de l’État
Les violations des droits humains commises dans le cadre du régime d’exception «reflètent un schéma généralisé d’abus de l’État», selon Amnesty International. Le gouvernement a rejeté les critiques des ONG et affirme avoir fait du Salvador un pays plus sûr.
Ana Piquer a souligné que les visites de l’organisation dans le pays ont révélé une détérioration progressive de la situation des victimes et de leurs familles, ce qui aggrave la crise des droits humains dans le pays. Elle a également pointé du doigt l’absence de justice et de solutions durables dans le traitement des personnes arrêtées.
Le régime d’exception, qui a permis des arrestations massives et des détentions sans preuves, a été critiqué par de nombreuses organisations de défense des droits humains. Malgré ces critiques, le président Bukele a obtenu un nouveau mandat de cinq ans lors des élections du 4 février, au cours desquelles il a obtenu 84,65% des voix.
Réactions et perspectives
Le régime d’exception de Nayib Bukele continue de susciter des réactions mitigées. Les partisans du gouvernement saluent les efforts pour éradiquer les gangs et améliorer la sécurité du pays, tandis que les opposants et les organisations de défense des droits humains dénoncent les violations des droits et les abus de pouvoir.
Amnesty International continue de surveiller de près la situation des droits humains au Salvador et appelle à la mise en place de mécanismes de protection et de justice pour les victimes et leurs familles.
Devenu président en juin 2019, Nayib Bukele a décroché un nouveau mandat de cinq ans lors des élections du 4 février, au cours desquelles il a obtenu 84,65% des voix, favorisé par sa guerre sans merci contre les «maras», les gangs qui terrorisaient le pays. Il rejette les critiques des ONG et affirme avoir fait du Salvador «le pays le plus sûr au monde».