Des centaines de milliers de Cubains ont manifesté vendredi devant l’ambassade des États-Unis à La Havane contre l’embargo américain. Cette manifestation intervient à un mois du retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, ajoutant une dimension politique supplémentaire à l'événement.
Sous le mot d’ordre «Marche du peuple combattant contre le blocus et la présence de Cuba sur la liste des pays soutenant le terrorisme», les manifestants ont défilé devant la représentation située sur l’avenue côtière du Malecon. Parmi les figures de proue de cette manifestation, on retrouve l’ancien président Raul Castro, qui a pris la tête du cortège aux côtés du président cubain Miguel Diaz-Canel.
Une mobilisation massive contre l'embargo
Des revendications claires et unies
«Nous défilons pour dire au gouvernement des États-Unis de laisser le peuple cubain vivre en paix!» a déclaré Miguel Diaz-Canel à l’adresse de la foule agitant des drapeaux cubains. Les manifestants ont scandé des slogans tels que «Levez le blocus!» et «Nous ne sommes pas des terroristes, retirez-nous de la liste». Selon les autorités, 700 000 personnes ont défilé, un chiffre que l’AFP n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante.
Impact de l'embargo sur la vie quotidienne
Cuba traverse sa pire crise économique depuis trente ans, marquée par des pénuries en tous genres, des coupures d’électricité chroniques, et une vague d’émigration sans précédent. «Nous voulons la fin du blocus […] nous avons besoin que les portes s’ouvrent pour que nous puissions commercer avec tous les pays», a déclaré à l’AFP Rogelio Savigne, 55 ans, responsable des transports dans une entreprise d’État. «Si nous n’avions pas le blocus, les difficultés que nous connaissons ne seraient pas si grandes», a estimé Faustino Miranda, 85 ans.
Miguel Diaz-Canel a dénoncé les effets dévastateurs de l’embargo : «Lorsque les transactions financières sont visées et empêchées […] le peuple cubain est privé d’aliments, de médicaments, de carburant, de biens, d’approvisionnement et de marchandises essentielles à sa survie». Le président cubain a également souligné que l’année 2024 «a été l’une des plus difficiles» pour Cuba, qui vit «au jour le jour».
Contexte politique et historique
Au cours de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump, qui sera investi le 20 janvier, a stoppé le rapprochement historique qu’avaient entamé les deux pays il y a dix ans sous le mandat de Barack Obama. Le républicain a mis en œuvre 243 mesures renforçant l’embargo en vigueur depuis 1962, dont la réinscription de l’île communiste sur la liste américaine des «pays soutenant le terrorisme», incluant notamment l’Iran et la Corée du Nord.
Son successeur démocrate, Joe Biden, a à peine assoupli ces mesures et maintenu Cuba sur la liste noire, ce qui entrave les flux financiers et commerciaux vers l’île. Miguel Diaz-Canel a souligné dans la matinée que l’année 2024 «a été l’une des plus difficiles» pour Cuba qui vit «au jour le jour».
Les principales revendications des manifestants
- Levée de l’embargo américain
- Retrait de Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme
- Ouverture des portes pour le commerce avec tous les pays
- Fin des pénuries et des coupures d’électricité
Cette manifestation montre la détermination du peuple cubain à lutter contre les sanctions américaines et à réclamer des conditions de vie meilleures. La mobilisation massive et les revendications claires des manifestants témoignent de la volonté de changement et de la résilience du peuple cubain face aux défis économiques et politiques.