Après une semaine de chaos dans la capitale Ottawa, où la confusion règne après la démission surprise lundi de la vice-Première ministre qui était en désaccord avec Justin Trudeau sur la façon de gérer la guerre économique qui se profile avec les États-Unis, le Premier ministre a procédé vendredi à un vaste remaniement de son gouvernement, annonçant des changements pour un tiers des ministères. Le chef du gouvernement pourrait être emporté lui aussi.
Minoritaire au Parlement, fragilisé par le retrait de son allié de gauche et le mécontentement croissant au sein de son propre parti, Justin Trudeau est confronté à la plus grave crise politique depuis son arrivée au pouvoir il y a neuf ans. Et la démission lundi de sa numéro 2 a encore fait monter la pression d’un cran. Des députés libéraux demandent ouvertement le départ de Justin Trudeau et toutes les options sont sur la table pour le Premier ministre, qui «réfléchit», a déclaré Rachel Bendayan, la nouvelle ministre des Langues officielles.
Tension et confusion
Les menaces de Donald Trump
Le pays cherche en effet depuis plusieurs jours une parade aux menaces de Donald Trump qui a promis d’imposer des droits de douane de 25% à ses voisins dès son retour au pouvoir en janvier. Une mesure qui serait catastrophique pour le Canada selon les experts. Les Etats-Unis en sont en effet le premier partenaire commercial et la destination de 75% de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d’habitants.
Les déclarations provocatrices de Trump
D’autres déclarations de Donald Trump sont venues ajouter à la confusion et à la tension au Canada. Le président américain élu a ainsi à plusieurs reprises parlé de faire du Canada le 51e Etat américain, mais a aussi affublé le Premier ministre canadien du qualificatif péjoratif de «gouverneur», un titre désignant aux Etats-Unis le chef de l’exécutif d’un Etat fédéré. Le départ de la vice-Première ministre a par ailleurs réjoui Donald Trump: «Elle ne manquera à personne», estime-t-il, voyant en Chrystia Freeland une personne au «comportement toxique».
La popularité en berne de Justin Trudeau
Après près d’une décennie au pouvoir, Justin Trudeau souffre aujourd’hui d’une faible côte de popularité, étant vu comme responsable de la forte inflation dans le pays et de la crise du logement et des services publics. Vendredi, en parallèle du remaniement, Jagmeet Singh, chef du Nouveau parti démocratique et ancien allié de gauche de Justin Trudeau, a annoncé qu’il ne soutenait plus du tout le gouvernement.
Les appels à des élections anticipées
Le chef des conservateurs, Pierre Poilievre, a pour sa part réclamé vendredi un vote avant la fin de l’année pour déclencher des élections. Le Parlement ne doit normalement pas siéger avant le 27 janvier prochain. Les prochaines législatives doivent avoir lieu au plus tard le 20 octobre 2025, mais si une motion de censure est votée, alors le gouvernement tombera et cela déclenchera des élections anticipées.
L'adversaire de Trudeau comparé à Trump
Justin Trudeau, qui a annoncé son intention de se représenter dans les mois qui viennent, est crédité dans les sondages de plus de 20 points de retard sur son rival conservateur Pierre Poilievre. Lequel est souvent comparé au milliardaire américain Trump. Aux Etats-Unis, des pro-Trump saluent son discours anti-élite, anti-système, son langage fleuri - il a traité Trudeau de «clown» ou de «cinglé». Comme le républicain, il veut baisser les impôts et dénonce l’inflation, la «Justinflation» comme il l’appelle, en référence au prénom du Premier ministre.
En conclusion, la situation politique au Canada est extrêmement tendue, avec des défis internes et externes qui menacent la stabilité du gouvernement de Justin Trudeau. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer l'avenir politique du pays.