La tragique disparition de Samuel Paty, le professeur d'histoire-géographie dont la vie a été fauchée dans une attaque terroriste, a été rappelée avec une intensité poignante ce jeudi à la Cour d'assises spéciale de Paris. Le déroulé des faits, relaté par un enquêteur de la sous-direction antiterroriste (SDAT), a plongé la salle dans une atmosphère glaciale, les images de l'acte barbare appuyant le récit des événements.
L'audience, suspendue dans le temps et l'espace, a été le théâtre de révélations sur les derniers instants de Samuel Paty, confronté à la brutalité sans précédent d'Abdoullakh Anzorov, un jeune islamiste radical. La chronologie des faits, la préparation de l'assaillant et le détail des minutes ayant conduit à ce crime ont été exposés avec précision, marquant les esprits des présents.
Compte-rendu d'une audience sous le signe de l'émotion
Les dernières minutes de Samuel Paty
La salle d'audience, souvent le lieu de grands procès, a été témoin d'un rapport d'enquête saisissant. L'enquêteur, connu sous le matricule "Sdat259", a décrit minutieusement les 14 minutes fatidiques qui se sont écoulées entre la sortie du collège de Samuel Paty et l'acte meurtrier d'Abdoullakh Anzorov. Les images de vidéosurveillance ont montré le professeur, capuche sur la tête, suivi de près par une élève, puis par l'approche rapide et déterminée du tueur. La scène, d'une violence inouïe, a culminé avec les cris d'"Allahou akbar" au moment où Anzorov a exécuté son geste mortel.
La diffusion des images à l'audience
Les juges et les jurés ont été confrontés aux images troublantes du couteau de cuisine ensanglanté, retrouvé non loin du lieu du crime, qui a servi à la fois à poignarder et à décapiter l'enseignant. La photo projetée du corps de Samuel Paty, gisant "ventre contre terre", a rendu tangible l'horreur de l'acte, accentuant le poids des témoignages et des preuves matérielles. Un marteau, trouvé dans le sac à dos de la victime, a été présenté comme le symbole tragique de l'état de peur dans lequel Samuel Paty se trouvait, envisageant de l'utiliser pour se défendre.
Les suites immédiates de l'attentat
L'intervention rapide de la police a été suivie de l'affrontement avec Anzorov, qui a tiré sur les forces de l'ordre avec une arme de poing semi-automatique à air comprimé. Son élimination par la police a mis fin à la séquence meurtrière. La rigueur de l'enquête antiterroriste a été soulignée, permettant de retracer les faits avec précision et de rassembler les éléments de preuve nécessaires au procès.
Les accusés face à leurs responsabilités
Le procès a également été marqué par l'interrogatoire de personnalité d'Abdelhakim Sefrioui, un accusé qui, avec son coaccusé Brahim Chnina, est soupçonné d'avoir contribué à l'engrenage fatal ayant conduit à l'assassinat de Samuel Paty. Sefrioui, nié toute responsabilité, s'est décrit comme la victime d'une justice implacable, malgré les accusations pesant sur lui concernant la diffusion de vidéos incendiaires. L'ensemble des accusés, à l'exception d'un, a adopté une posture similaire, rejetant toute implication dans le drame.
Un procès au long cours
Le procès, qui doit se poursuivre jusqu'au 20 décembre, promet d'être riche en émotions et en révélations. La famille de Samuel Paty, dont les sœurs étaient présentes à l'audience, est appelée à témoigner prochainement. Cet événement judiciaire, au-delà de ses aspects procéduraux, représente une étape cruciale dans le deuil collectif et la lutte contre le terrorisme.