Les tensions régionales montent d'un cran alors que le Tchad accuse le Soudan d'être l'instigateur de mouvements de déstabilisation à travers le soutien financier et militaire à des groupes terroristes. Cette grave accusation survient après la publication d'un communiqué officiel par le ministère des Affaires étrangères tchadien, attisant les flammes d'un conflit qui semble loin de s'éteindre.
Le communiqué, émanant de la voix du ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, Abdraman Koulamallah, lance un signe alarmant sur la sécurité régionale en déclarant que le Soudan arme des factions rebelles dans le but explicite de déstabiliser le Tchad. Cette situation met en lumière les tensions qui s'exacerbent entre les deux nations et soulève des questions sur l'impact de ces actions sur la stabilité déjà précaire de la région.
Escalade des Accusations et Conséquences Régionales
Contentieux de longue date
Les racines du conflit entre le Tchad et le Soudan semblent plonger dans l'histoire récente des deux pays. En particulier, le Tchad exprime des inquiétudes concernant la présence d'une rébellion zaghawa à El Facher, dans le sud-ouest du Soudan, menée par Ousman Dillo, le frère cadet de l'opposant tchadien Yaya Dillo Djérou. Ce dernier a été tué par l'armée tchadienne, ajoutant une dimension personnelle au conflit. La mémoire d'une offensive éclair perpétrée en 2008 par des rebelles, notamment de l'ethnie zaghawa, avec le soutien du Soudan, reste vive dans les esprits tchadiens, rappelant une période où l'ancien président Idriss Déby Itno avait dû se barricader dans son palais présidentiel.
La rébellion FACT et ses ramifications
La rébellion du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), à l'origine de l'attaque qui a coûté la vie à l'ex-président Idriss Déby, est citée comme l'un des problèmes les plus pressants. La transition du pouvoir à son fils Mahamat Idriss Déby, proclamé président de transition par une junte militaire, n'a pas apaisé les tensions. Le cas du général Mahamat Nour Abdelkerim, ayant rejoint les rangs rebelles et ayant été reçu par les autorités soudanaises, illustre la complexité et l'entremêlement des loyautés et des alliances.
Accusations croisées et implications internationales
Le chercheur Ahmat Yacoub, président du Centre d’études pour le développement et la prévention de l’extrémisme, souligne que l'accusation de déstabilisation est réciproque entre le Tchad et le Soudan. Des rapports, y compris ceux de l'ONU, ont fait état du soutien du Tchad aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan, des allégations que N'Djamena et leurs allégués partenaires des Émirats arabes unis ont toujours démenties.
10 millions de déplacés
Le conflit au Soudan a engendré une crise humanitaire majeure, avec un nombre de morts estimé entre 20’000 et 150’000 – la majorité n'étant pas recensée. Le déplacement forcé de plus de 10 millions de personnes, soit un cinquième de la population soudanaise, est un témoignage accablant des ravages de la guerre. Plus de 3 millions de ces déplacés se trouvent dans des pays voisins, faisant face à des conditions de vie précaires et incertaines.
Les accusations mutuelles entre le Tchad et le Soudan dépeignent un tableau sombre de la situation régionale, où la méfiance et l'hostilité pourraient potentiellement déclencher une escalade plus large des hostilités. Les communautés internationales et régionales sont appelées à intervenir pour prévenir une aggravation du conflit qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la population civile déjà durement touchée.