Au Pakistan, la tradition du mariage arrangé est profondément ancrée dans la culture, mais une tendance montante pourrait bien changer la donne. Avec l'apparition des applications de rencontres en ligne, de plus en plus de jeunes Pakistanais cherchent à prendre leur destin amoureux en main, défiant les conventions et les marieuses d'antan. Cette révolution numérique pourrait-elle marquer la fin des mariages arrangés dans le pays?
Ezza Nawaz et son mari Wassim Akhtar représentent une minorité croissante qui a choisi l'amour plutôt que la tradition pour sceller leur union. Leur histoire, ainsi que celle de nombreux autres, indique un changement de paradigme dans la manière dont les Pakistanais envisagent le mariage et l'amour. Les applications de rencontre, adaptées aux spécificités culturelles du Pakistan, jouent un rôle crucial dans ce bouleversement social.
La fin des mariages arrangés? De la marieuse aux apps de rencontres
Le Passage des Marieuses aux Rencontres en Ligne
Dans un pays où plus de 80% des mariages sont arrangés, les applications de rencontres comme Muzz se positionnent comme des alternatives modernes aux marieuses traditionnelles. Muzz, en particulier, a su s'adapter aux normes conservatrices du Pakistan en introduisant des fonctionnalités telles que l'option «chaperon», qui permet aux tuteurs légaux de suivre les communications. Cette fonctionnalité offre une certaine tranquillité d'esprit aux parents, tout en donnant aux jeunes la liberté de choisir leur partenaire.
En dépit de ces nouveautés, le chemin vers le mariage d'amour n'est pas sans obstacles. Les tabous sociaux sont toujours présents, et des couples comme Wassim Akhtar et Ezza Nawaz préfèrent souvent rester discrets sur la manière dont ils se sont rencontrés, évoquant leur histoire seulement auprès de proches ouverts d'esprit.
Le Coût des Mariages Arrangés
Les marieuses traditionnelles, connues sous le nom de «rishta aunties» en urdu, continuent de jouer un rôle important dans la société pakistanaise, bien que leur service ait un coût. Rida Fatima, qui a fini par trouver l'amour en dehors de ce système, témoigne des attentes restrictives et commerciales des marieuses, avec des frais pouvant atteindre 700 dollars pour un rendez-vous arrangé. Ces coûts montrent que le mariage arrangé peut être autant une transaction commerciale qu'une union familiale.
La Réponse des Marieuses à la Technologie
Face à la concurrence des applications de rencontre, certaines marieuses s'adaptent en utilisant la technologie pour moderniser leurs services. Elles établissent des profils détaillés et enseignent aux jeunes femmes comment se présenter pour répondre aux attentes des familles. Cependant, ces efforts pour moderniser le rôle de la marieuse ne changent pas le fond du système qui reste centré sur le contrôle familial et les attentes traditionnelles.
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La Résistance Culturelle et le Respect des Traditions
Malgré l'adoption croissante des applications de rencontre, la résistance culturelle persiste. Fauzia Aazam, à la tête d'un réseau de marieuses, critique ouvertement l'utilisation des applications pour des raisons de contrôle familial et de respect des traditions. Aisha Sarwari, autrice féministe, souligne que les familles recherchent souvent à exercer un contrôle sur les belles-filles, qui doivent vivre avec ou près de la famille du mari. De plus, les lieux de rencontres amoureuses sont limités et souvent non considérés comme respectables, compliquant davantage la situation.
La Réalité des Rencontres en Ligne
Les applications de rencontres, malgré leur popularité croissante, ne sont pas exemptes de défis. Aneela, une artiste digitale qui utilise un pseudonyme pour des raisons de confidentialité, exprime sa frustration face aux difficultés rencontrées sur ces plateformes, comme le mensonge et la dissimulation. Elle révèle que, paradoxalement, elle utilise elle-même un faux nom et une fausse photo pour éviter d'être jugée. La dure réalité des rencontres en ligne fait parfois pencher la balance en faveur des mariages arrangés, considérés comme une option plus sûre et socialement acceptable.