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Équateur: Suspension de 150 jours pour la vice-présidente


Veronica Abad écartée pour "abandon de poste" en pleine tension avec le président Noboa, à l'approche des élections.

Équateur: Suspension de 150 jours pour la vice-présidente

Le paysage politique équatorien est actuellement secoué par une situation sans précédent : la vice-présidente Veronica Abad a été suspendue pour une période de 150 jours. Cette décision marque un tournant dans les relations déjà tendues entre elle et le président Daniel Noboa, et soulève des questions quant à l'avenir immédiat de la gouvernance du pays.

L'annonce faite samedi par le ministère du Travail équatorien de la suspension sans solde de Mme Abad pour "abandon injustifié" de son poste ajoute une nouvelle couche de complexité à une année politique déjà chargée, marquée par des accusations croisées et des luttes de pouvoir.

La vice-présidente mise à pied pour abandon de poste

Les raisons de la suspension

La vice-présidente Veronica Abad a été officiellement suspendue pour ne pas avoir rejoint son nouveau poste d'ambassadrice en Turquie dans les délais impartis. Selon le gouvernement, elle a accusé un retard de cinq jours pour arriver à Ankara, raison pour laquelle une fonctionnaire du service des ressources humaines a signé la mise à pied. Ce retard est survenu dans un contexte de transfert pour des raisons de sécurité, liées à l'aggravation du conflit au Proche-Orient.

Contexte politique tendu

La sanction disciplinaire survient dans un climat politique chargé. En août dernier, Veronica Abad avait accusé le président Noboa de violences sexistes, ce qu'il avait qualifié de "trahison". Daniel Noboa, qui aspire à un second mandat lors de la présidentielle de février 2025, doit, selon la Constitution équatorienne, confier ses pouvoirs à son vice-président pour pouvoir faire campagne. Cette suspension intervient donc à un moment critique, puisque la campagne électorale débute en janvier, durant la période de mise à pied de Mme Abad.

Des implications constitutionnelles

La Constitution équatorienne stipule que le président en exercice peut briguer un second mandat à condition de céder temporairement ses pouvoirs au vice-président pendant la campagne électorale. Avec la mise à pied de la vice-présidente Veronica Abad, la question de la succession présidentielle devient brûlante. Damian Armijos, l'avocat de Mme Abad, a critiqué les actions du président Noboa, affirmant qu'il a tenté de "menacer, d'intimider et de harceler" la vice-présidente dans le but de provoquer sa démission et d'éviter ainsi de lui confier les pouvoirs.

Une bataille légale en arrière-plan

En juin, le Parlement équatorien avait refusé de lever l'immunité de la vice-présidente, protégeant ainsi Veronica Abad d'une poursuite judiciaire dans une affaire de corruption présumée impliquant son fils. L'accusation avait été interprétée par Mme Abad comme une forme de "persécution" politique. Ce contexte juridique ajoute une couche supplémentaire de complexité à la situation actuelle et soulève des questions sur l'indépendance des institutions politiques en Équateur.