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Soldats nord-coréens en Ukraine, une stratégie risquée


L'engagement de troupes nord-coréennes en Ukraine interroge sur leur rôle dans le conflit et la sécurité régionale.

Soldats nord-coréens en Ukraine, une stratégie risquée

La récente implication de soldats nord-coréens dans le conflit ukrainien suscite une vague d'interrogations stratégiques et d'incertitudes quant à leurs rôles et efficacité au sein des opérations militaires russes. Cette coopération entre la Corée du Nord et la Russie, qui s'est concrétisée fin octobre par le déploiement de soldats nord-coréens sur le sol russe, représente un défi non seulement pour l'Ukraine mais également pour la sécurité régionale en Asie de l'Est.

La déclaration du président ukrainien Volodymyr Zelensky concernant la participation et les pertes de ces soldats sur le front a été accueillie par un silence éloquent du Kremlin. L'inédit de cette situation, où la Corée du Nord a envoyé des troupes combattre hors de ses frontières, soulève des questions sur les véritables intentions de cette manœuvre et les implications pour la stabilité internationale.

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Chair à canon ou forces spéciales?

L'analyse de la situation par les experts sud-coréens penche en faveur de l'utilisation de ces soldats comme forces spéciales plutôt que de simples combattants jetables. Yang Moo-jin, de l'Université des études sur la Corée du Nord à Séoul, souligne l'absence de logique à envoyer des troupes inexpérimentées pour les sacrifier sans raison. Les capacités réelles de ces soldats restent cependant sujettes à spéculation, d'autant plus que les chiffres évoqués par les sources occidentales et ukrainiennes varient autour de 10'000 à 11'000 hommes.

Environ dix jours de combats

Le général australien en retraite Mick Ryan met en perspective les chiffres en rappelant que cela correspondrait à environ dix jours de pertes russes sur le terrain, soulignant que si la Russie connaît une pénurie de main-d'œuvre, il faudrait un nombre bien supérieur de soldats nord-coréens pour combler le déficit. Toutefois, l'impact de ces troupes pourrait être significatif si elles restent concentrées dans des zones stratégiques comme la région de Koursk.

Expérience limitée

Les forces spéciales de Pyongyang, formées pour prévenir un coup d'État et opérant sous un système strict où des commissaires politiques approuvent chaque décision militaire, n'ont pas été engagées dans des combats depuis 1953. Fyodor Tertitsky, de l'université Kookmin à Séoul, s'interroge sur l'adaptabilité de ce système pour les besoins du conflit ukrainien et souligne que ce changement ne pourrait se faire sans l'assentiment de Kim Jong-un. La confrontation avec des Ukrainiens aguerris par plusieurs années de guerre pose également la question de l'adaptation de ces soldats nord-coréens à un conflit moderne.

Saisir une opportunité

Ce déploiement offre aussi à la Corée du Nord l'occasion de se familiariser avec les tactiques de combat modernes, notamment l'utilisation intégrée de drones et de missiles. Mick Ryan pointe l'intérêt pour Pyongyang d'acquérir des connaissances sur la guerre électronique et sur les armements occidentaux présents en Ukraine. Parallèlement, les tensions persistantes sur la péninsule coréenne pourraient inciter Séoul à exploiter cette situation pour recueillir des renseignements sur les capacités militaires nord-coréennes, d'autant plus que l'arrivée de réfugiés du nord, principale source d'informations pour le sud, a été drastiquement réduite depuis la fermeture des frontières en raison de la pandémie de Covid-19.