En Haïti, le gouvernement traverse une nouvelle phase de turbulence politique avec l'annonce imminente du limogeage du Premier ministre Garry Conille. Après seulement cinq mois en poste, Conille sera remplacé par Alix Didier Fils-Aimé, selon des informations révélées par le journal officiel qui seront publiées lundi. Cette décision, prise par le Conseil présidentiel de transition, marque une étape supplémentaire dans l'instabilité politique qui secoue le pays des Caraïbes.
Le départ de Garry Conille souligne les défis persistants auxquels fait face Haïti, notamment en matière de sécurité et de gouvernance. Le pays est en proie à une violence endémique des gangs et à une crise humanitaire qui ne cesse de s'aggraver. Le Conseil présidentiel de transition, chargé de la gestion de l'exécutif après la démission du premier ministre controversé Ariel Henry, peine à rétablir l'ordre et à préparer le terrain pour des élections tant attendues.
Changement de Premier ministre en Haïti : Un tournant dans la crise
Les raisons d'un limogeage
La décision de destituer Garry Conille s'inscrit dans un contexte de désaccords croissants entre le premier ministre et le Conseil présidentiel de transition. Des sources citant le Miami Herald indiquent des conflits au sujet de la nomination de responsables au sein des ministères clés tels que la Justice, les Finances, la Défense et la Santé. Conille a contesté la légalité de la résolution du Conseil, soulignant dans un courriel l'illégalité apparente de cette démarche.
La crise sécuritaire et humanitaire
Haïti est confrontée à une vague de violences alimentée par les gangs, qui contrôlent environ 80% de Port-au-Prince, la capitale. Cette situation s'est dramatiquement intensifiée depuis l'alliance de ces gangs visant à renverser l'ancien chef du gouvernement, Ariel Henry. Selon le rapport de la mission de l'ONU en Haïti (Binuh), entre juillet et septembre, 1233 meurtres ont été recensés, avec une forte implication des gangs et des forces de l'ordre dans ces violences.
L'impact sur la population
L'escalade de la violence a eu un impact dévastateur sur la population haïtienne. Plus de 700'000 personnes, dont la moitié sont des enfants, ont été contraintes de fuir leur domicile. La crise humanitaire qui en découle est aggravée par des niveaux de faim alarmants, comme l'a récemment mis en garde les Nations Unies. Les actes de brutalité extrême commis par les gangs et les groupes d'autodéfense, tels que le mouvement «Bwa Kalé», ont exacerbé la terreur parmi les citoyens.
La mission internationale et les appels à l'action
En réponse à la crise, une mission multinationale de soutien à la police haïtienne, menée par le Kenya et soutenue par l'ONU et les États-Unis, a commencé à se déployer avec pour l'instant plus de 400 hommes. Cependant, les défis restent immenses et la communauté internationale, y compris le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, continue de presser les autorités de transition à s'engager vers des élections rapides pour restaurer la stabilité politique.
La perspective des élections
Le conseil présidentiel de transition a la lourde tâche d'organiser des élections dans un pays ravagé par la violence et la corruption. La dernière fois que les Haïtiens se sont rendus aux urnes remonte à 2016, et l'assassinat du président Jovenel Moïse en 2021 a laissé un vide de pouvoir que le Conseil s'efforce de combler. La situation politique et sécuritaire rend la tenue d'élections libres et équitables d'autant plus difficile.