La consécration littéraire de cette année a trouvé son lauréat en la personne de Kamel Daoud, qui a reçu le prestigieux prix Goncourt 2024 pour son roman poignant intitulé «Houris». Ce lundi à Paris, le restaurant Drouant a été le théâtre de cette distinction honorifique, mettant en lumière une œuvre qui plonge le lecteur dans les abysses de la «décennie noire» algérienne, une période marquée par un conflit sanglant.
L'écrivain, touché par cette reconnaissance, a exprimé son bonheur en des termes simples mais chargés d'émotion. Pendant ce temps, un autre talent de la littérature contemporaine, Gaël Faye, a été honoré du prix Renaudot, confirmant ainsi la richesse et la diversité des propositions littéraires de cette année.
Un écrivain franco-algérien récompensé
Une victoire au premier tour
La décision du jury de l'Académie Goncourt a été unanime, attribuant le prix à Kamel Daoud dès le premier tour de scrutin. Avec une majorité de six voix, l'auteur a su se démarquer de ses concurrents, Hélène Gaudy, Gaël Faye et Sandrine Collette, respectivement deuxième, troisième et quatrième dans le cœur du jury. Cette annonce, faite par le président de l'Académie, Philippe Claudel, confirme l'impact profond et la portée de l'œuvre de Daoud.
Un roman salué pour son lyrisme et sa portée tragique
«Houris» a été acclamé pour la maîtrise avec laquelle il mêle lyrisme et tragique, offrant une voix aux victimes d'une période sombre de l'histoire algérienne. Philippe Claudel a salué l'ouvrage pour sa capacité à tracer un chemin de mémoire parallèle au récit historique officiel, soulignant la puissance de la littérature comme outil d'exploration de la réalité et de ses émotions les plus denses.
Le parcours d'Aube, une narratrice marquée par l'horreur
Le roman de Daoud est centré autour d'Aube, une jeune femme devenue muette après qu'un islamiste lui a tranché la gorge le dernier jour de 1999. Le récit, sombre et captivant, emmène le lecteur d'Oran, où Daoud a lui-même été journaliste durant cette période difficile, au désert algérien, lieu de quête et de réminiscences pour son héroïne. Ce choix narratif audacieux de faire d'une femme la voix du roman renforce la portée émotionnelle de l'histoire et sa résonance critique.
Un livre face à la censure
Malgré les acclamations internationales, «Houris» fait face à l'interdiction en Algérie, une censure dictée par une loi réprimant la publication d'œuvres portant sur la guerre civile de 1992 à 2002. Cette situation met en lumière les défis auxquels les artistes peuvent être confrontés lorsqu'ils abordent des sujets sensibles dans des contextes politiques et sociaux restreints. Pourtant, cette interdiction n'a pas empêché Kamel Daoud de recevoir un accueil chaleureux sur la scène littéraire internationale, comme en témoigne le prix Landerneau des lecteurs qu'il a également remporté en octobre.