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Procès de la rue d'Aubagne: Marseille confrontée à son passé


À Marseille, le procès sur l'effondrement mortel de 2018 met en lumière les négligences et alertes ignorées.

Procès de la rue d'Aubagne: Marseille confrontée à son passé

Le 7 novembre à Marseille, la justice a entamé l'examen des circonstances ayant conduit à la tragédie de la rue d'Aubagne, où la fragilité extrême d'immeubles vétustes a causé la mort de huit personnes. Ce procès, attendu par une salle comble, révèle les défaillances et les alertes négligées qui ont précédé le sinistre, soulignant l'ampleur du traumatisme pour la métropole phocéenne.

L'effondrement des numéros 63 et 65 de cette rue, survenu le 5 novembre 2018, a été d'autant plus choquant qu'il a été précédé d'un nombre alarmant de signalements et d'expertises. La dégradation de ces structures était telle qu'il a suffi d'un coup de pelle pour provoquer la chute du bâtiment numéro 67 lors des opérations de démolition qui ont suivi.

La chronologie d'un désastre annoncé

Les signes avant-coureurs

Les experts et témoins ont mis en lumière une série d'avertissements ignorés qui jettent une lumière crue sur la tragédie. Dans les 15 ans précédant l'effondrement, de nombreuses inspections ont révélé des problèmes structurels dans les immeubles incriminés. Dès 2003, des inquiétudes concernant le numéro 63 sont rapportées et en 2011, le numéro 67 est abandonné par son dernier occupant en raison de son état délabré. La situation du numéro 65 a été qualifiée de «forte et majeure» dès 2014, tandis qu'en 2015, le rapport Nicol sonnait l'alarme sur l'état de l'habitat à Marseille.

Les derniers avertissements ignorés

En 2018, les conditions de vie se détériorent rapidement pour les locataires du 65. Des problèmes pour fermer portes et fenêtres sont signalés en mars, suivis en septembre par la découverte de murs gonflés, de caves inondées de boue et de traces d'eaux usées. En octobre, un expert mandaté évalue la situation à péril et réclame des travaux d'urgence. Malgré cela, les résidents sont autorisés à réintégrer les lieux, une décision dont les motifs sont aujourd'hui questionnés par le président du tribunal.

Les dernières heures avant la catastrophe

La locataire Marie-Emmanuelle Blanc, dans un courriel du 31 octobre à son syndic, exprime son sentiment d'être prise au piège, signalant de l'eau dans la cave et des carreaux qui éclatent. La réponse rassurante du syndic contraste tragiquement avec les événements du 5 novembre. La veille, un autre locataire remarque des fissures dans sa cuisine. Dans la nuit, Marie-Emmanuelle Blanc alerte les secours, décrivant des craquements et une aggravation des fissures. Les assurances du pompier qui répond qu'un immeuble ne s'effondre pas soudainement seront contredites quelques heures plus tard par la réalité.

Le président du tribunal diffuse une vidéo poignante d'un locataire filmant l'aggravation de l'état de son appartement le matin du drame. On y entend des bruits sourds, probablement des résidents tentant de s'échapper, tandis que l'homme commente l'urgence de la situation. Peu après, les immeubles 63 et 65 s'écroulent, emportant avec eux des vies et laissant une ville en deuil.

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