En Iran, un cas d'exécution judiciaire a suscité une attention internationale particulière. Ahmad Alizadeh, un homme de 26 ans, a subi une pendaison pour la deuxième fois après qu'une première tentative a été interrompue par un acte inattendu de clémence de la part de la famille de la victime. Ce tragique événement soulève des questions profondes sur la justice et les droits de l'homme dans le pays.
La sentence initiale a été mise en œuvre le 27 avril et interrompue après que la famille de la victime a crié "pardon", un acte qui a permis au condamné, déjà suspendu au bout d’une corde pendant 28 secondes, d'être ranimé. Cet article se penche sur les circonstances inhabituelles de cette affaire et sur le contexte plus large de l'application de la peine capitale en Iran.
Un homme pendu... une seconde fois
Suspension de l'exécution
La première exécution d'Ahmad Alizadeh a eu lieu dans les murs de la prison Ghezel Hesar à Karaj, où le processus a été brusquement arrêté grâce à l'intervention de la famille de la victime. Selon l'organisation Iran Human Rights (IHR), basée en Norvège, la famille a prononcé le pardon alors que Alizadeh était déjà en train de suffoquer. Les gardiens de la prison ont rapidement décroché son corps et réussi à le ranimer, suspendant temporairement la sentence de mort qui pesait sur lui.
Les intrications de la loi islamique
Selon la charia, la loi islamique en vigueur en Iran, la famille d'une victime a le pouvoir de pardonner le meurtrier ou de demander une compensation financière. Cependant, dans de nombreux cas, les familles des condamnés ne disposent pas des fonds nécessaires pour payer la somme requise, ce qui mène souvent à la mise en application de la peine de mort. Malheureusement pour Alizadeh, un accord financier n'a pas été trouvé, et il est resté sous la menace d'une nouvelle pendaison.
Une seconde exécution controversée
La seconde pendaison a eu lieu plusieurs mois après l'incident initial, faisant d'Ahmad Alizadeh un exemple rare d'une personne soumise à la peine capitale à deux reprises. Il avait été arrêté en octobre 2018 pour un meurtre qu'il avait toujours nié, affirmant avoir avoué sous la torture. Mahmoud Amiry-Moghaddam, le directeur de l'IHR, a condamné cette seconde exécution, labélisant la situation comme le produit d'une "machine à exécuter du régime iranien".
Nombre record en octobre
L'organisation Iran Human Rights a signalé un nombre record de 166 exécutions pour le seul mois d'octobre, le chiffre mensuel le plus élevé depuis que l'organisation a commencé à suivre les exécutions en 2007. Les défenseurs des droits humains, y compris des groupes tels qu'Amnesty International, placent l'Iran parmi les pays ayant le plus haut taux d'exécutions dans le monde, surpassé seulement par la Chine, dont les statistiques restent inaccessibles.
Réactions des défenseurs des droits humains
Les militants des droits humains restent alarmés par l'utilisation de la peine capitale en Iran, arguant qu'elle sert à instaurer la peur au sein de la société, notamment après les mouvements de protestation qui ont ébranlé le régime en 2022 et 2023. Les cas tels que celui d'Alizadeh soulignent l'urgence et l'importance de la réforme judiciaire et de la protection des droits de l'homme dans le pays.