La France connaît une évolution démographique préoccupante avec un déclin continu du taux de natalité. Sur les neuf premiers mois de l'année en cours, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) rapporte une baisse significative de 2,7% du nombre de naissances par rapport à la même période de l'année précédente. Ce recul s'inscrit dans une dynamique de baisse amorcée depuis une décennie, avec un fort décrochage en 2023, marquant une diminution de 6,6% et une chute sous la barre des 700 000 naissances, une première depuis l'après-guerre.
Cette situation démographique interpelle tant sur ses causes que sur ses implications futures. Les experts évoquent plusieurs facteurs sociaux et économiques susceptibles d'influencer la décision de procréer, notamment l'incertitude liée aux conflits géopolitiques, l'inflation, ou encore les aspirations individuelles changeantes. Face à ce défi, la France doit envisager des solutions pour inverser cette tendance et maintenir une dynamique démographique équilibrée.
La décroissance démographique en France
Raisons d'un déclin naissant
Le phénomène de baisse de la natalité n'est pas un cas isolé en 2023. Il s'agit d'une tendance qui s'est amorcée depuis plusieurs années. Selon Catherine Scornet, maître de conférences à l'Université d'Aix-Marseille, pour envisager la parentalité, un climat stable et espérant est nécessaire. Or, les incertitudes économiques et les tensions géopolitiques actuelles, comme la guerre en Ukraine et les conflits au Proche-Orient, ajoutées à une inflation galopante, pèsent lourdement sur la décision de fonder une famille.
Conséquences politiques et sociales
La chute spectaculaire des naissances en 2023 a poussé le président Emmanuel Macron à plaider pour un «réarmement démographique». Cependant, ses propositions ont été accueillies avec réserve, notamment par les mouvements féministes et de gauche, qui y ont vu une tentative d'ingérence dans la liberté reproductive des femmes. Les projets de réforme envisagés ont par ailleurs été mis en pause suite à la dissolution de l'Assemblée nationale en juin.
Une tendance de long terme
L'Insee confirme que la baisse des naissances en France est une tendance de fond. Depuis 2010, mis à part un léger rebond en 2021 lié à la crise sanitaire, le nombre de naissances a reculé chaque année. Cette baisse s'explique en partie par la diminution du nombre de femmes en âge de procréer, mais aussi par un changement dans les aspirations personnelles. Catherine Scornet souligne que les femmes diplômées optent de plus en plus pour des réalisations personnelles en dehors de la maternité.
Évolution des modèles familiaux
En 2023, la baisse du nombre de naissances a concerné toutes les tranches d'âge, y compris les plus âgées, chose qui n'était pas observée depuis 2010. Didier Breton, chercheur associé à l'Institut national d'études démographiques et professeur à l'Université de Strasbourg, constate une augmentation des personnes sans enfant, reflétant une diminution de la pression sociale à fonder une famille. Par ailleurs, il note que moins de couples font le choix d'avoir un troisième enfant, probablement pour des raisons de confort matériel, marquant un écart avec la précédente spécificité française de familles nombreuses.
Comparaison européenne
Sur le plan européen, la France se distingue par un recul des naissances plus marqué que la moyenne de l'Union européenne (-5,5%) en 2023. D'après les données de l'Insee, le nombre de nouveau-nés a diminué dans 22 des 27 pays membres. Ce phénomène soulève la question de savoir si la France, autrefois connue pour son dynamisme démographique, s'aligne désormais sur le modèle de ses voisins européens.