Malgré un large éventail de fonds durables à leur disposition, les investisseurs suisses semblent marquer une pause dans leur engouement pour les placements verts. Une récente étude de la Haute école de Lucerne, mise en lumière par la NZZ, démontre que, pour la première fois depuis des années, la croissance des investissements dans les fonds «verts» ne surpasse pas celle des fonds traditionnels.
Ce fléchissement de l'intérêt pour les placements durables suscite des interrogations et des réactions diverses au sein du secteur bancaire suisse. Alors que certains acteurs financiers continuent de privilégier ces produits, d'autres adoptent une approche plus prudente face à cette nouvelle tendance.
Les fonds durables face à un ralentissement en Suisse
Un marché des fonds verts en stagnation
L'étude dirigée par Brian Mattmann indique que les fonds durables, après une phase de croissance exceptionnelle, connaissent un ralentissement notable. Entre 2018 et 2023, ces placements ont capté un volume impressionnant de 550 milliards de francs suisses. Cependant, au cours des douze derniers mois, ils n'ont attiré que 23 milliards de francs de nouveaux capitaux, une somme inférieure à celle des fonds classiques. Cette tendance suggère une saturation ou un changement de perception de la part des investisseurs suisses.
Les facteurs influençant le désintérêt
Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer cette baisse d'attrait. D'une part, la performance des fonds thématiques liés à l'environnement, au climat ou à l'énergie semble ne pas avoir répondu aux attentes élevées des investisseurs, en termes d'impact environnemental. D'autre part, le rendement des indices de durabilité a été dépassé par celui du marché global depuis le début de l'année 2022, principalement en raison de l'impact de la guerre en Ukraine sur les secteurs des énergies fossiles et de l'armement.
Les stratégies des banques face à la tendance
Cette nouvelle orientation du marché a amené des réactions contrastées parmi les institutions financières. Certaines petites banques continuent de promouvoir activement les fonds durables tandis que d'autres, à l'instar de la banque Valiant, ont réduit significativement leur part d'investissement dans ce secteur, allouant seulement 3% de leurs nouveaux fonds aux placements verts. Valiant justifie sa stratégie en affirmant que ses solutions de placement «classiques» respectent déjà des critères ESG minimaux.
Une perspective à long terme
Brian Mattmann reste néanmoins optimiste quant à l'avenir des investissements durables. Selon lui, les fluctuations actuelles sont normales et devraient s'équilibrer à long terme. Cette vision suggère que, malgré une période de stagnation, les fonds durables pourraient retrouver leur dynamisme à mesure que les investisseurs et les marchés s'ajustent aux nouvelles réalités économiques et géopolitiques.
Conclusion
La stagnation actuelle des placements durables en Suisse pose la question de l'évolution future de ces investissements. La réaction des banques et des investisseurs sera déterminante pour la trajectoire de ces fonds, qui ont connu une croissance fulgurante ces dernières années. Reste à voir si cette tendance n'est qu'une pause temporaire ou le signe d'un changement plus profond dans l'attitude des investisseurs envers les placements verts.