Le débat sur l'impact de la spéculation financière sur les prix des denrées alimentaires a été relancé suite à la publication d'un rapport du Conseil fédéral suisse. Cette analyse, attendue par le Parlement, avait pour but de déterminer si les activités spéculatives étaient responsables des secousses parfois violentes sur les marchés des produits agricoles. Malgré les inquiétudes exprimées par certains parlementaires, le gouvernement suisse a défendu la position selon laquelle la spéculation pourrait même jouer un rôle stabilisateur.
La controverse autour de la spéculation n'est pas nouvelle. En effet, les souvenirs de la crise alimentaire de 2007-2008 sont encore frais dans les esprits, une période marquée par une hausse spectaculaire des prix des céréales de base, ayant conduit à des crises de famine affectant des millions d'individus. Cependant, selon le rapport du Conseil fédéral, d'autres facteurs tels que les conditions météorologiques défavorables et les événements géopolitiques seraient les principaux coupables des variations extrêmes des prix.
Le Conseil fédéral suisse et la spéculation sur les denrées alimentaires
Les conclusions du rapport
Le document émis par le Conseil fédéral vient contester l'idée selon laquelle la spéculation serait un moteur majeur d'inflation des prix alimentaires. En s'appuyant sur une majorité d'études scientifiques, le rapport avance que non seulement la spéculation n'aurait pas d'impact significatif sur la hausse des prix, mais qu'elle pourrait également contribuer à les stabiliser. Cette perspective se heurte aux convictions de certains membres du Parlement qui avaient initialement demandé l'analyse.
L'impact des facteurs externes
Le Conseil fédéral pointe du doigt les conditions météorologiques sévères et les crises géopolitiques, telles que le conflit en Ukraine, comme étant les véritables responsables des perturbations des prix. Les événements climatiques extrêmes et les tensions internationales sont présentés comme ayant une influence bien plus conséquente que la spéculation sur l'instabilité des marchés.
La position de la Suisse sur le marché international
Face à la question de l'encadrement des marchés par des mesures législatives en Suisse, le rapport conclut à l'inutilité de telles initiatives. En raison de la petite taille de la Suisse sur la scène internationale, de telles régulations n'auraient qu'un impact négligeable sur la formation des prix mondiaux. Le rapport souligne également que les opérations spéculatives sont devenues plus transparentes au niveau international, réduisant ainsi le besoin d'intervention.
Le rapport coût-utilité des mesures de régulation
Le Conseil fédéral met en avant le rapport coût-utilité défavorable de toute tentative de régulation des marchés de la part de la Suisse. Les coûts associés à de telles mesures, par rapport à leur efficacité potentielle, ne justifieraient pas leur mise en œuvre. La position adoptée par le gouvernement est donc celle de la non-intervention, préférant laisser les mécanismes de marché opérer librement.